Discussion:
Des BD sans personnages ?
(trop ancien pour répondre)
Camille
2006-12-15 18:50:55 UTC
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Entendu sur France-Inter une interviouve de Wolinski, qui développait une
thèse étonnante : "Je ne crée pas de personnages, ça ne m'intéresse pas."

La journaliste essayait bien de lui faire dire que le "Roi des cons" était
bien un personnage créé par lui, Papy Wolinski n'était pas d'accord.
Et de fait, le "Roi", le "Gros monsieur bavard" et le "Petit monsieur
timide" du bar ne sont que des fantoches sans épaisseur. Ils servent juste
de support aux délires bien personnels de l'auteur.
Seuls Georges (lui-même) et Maryse (sa femme), ainsi que les personnages
réels (Chirac, Gichcard, etc...) ont quelque consistance.

Curieux, non ?
Et pourtant, même s'il ne fait pas vraiment de la BD, Wolinski est un
dessinateur "qui compte", et son oeuvre volumineuse se lit bien.
C'est peut-être un cas unique à ce niveau.
Même Reiser, qui lui aussi pensait que la création de personnages n'était
pas son truc, a fini par en créer (le Gros Dègue, Janine, Mon Papa,...)
____
Camille
« Depuis que l'homme sait qu'il est mortel, il a du mal à être tout à fait
décontracté. » -- Allen
Jean-no
2006-12-16 09:43:52 UTC
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Post by Camille
Entendu sur France-Inter une interviouve de Wolinski, qui développait une
thèse étonnante : "Je ne crée pas de personnages, ça ne m'intéresse pas."
Mais je pense qu'effectivement, ce n'est pas trop son truc et qu'il
analyse assez bien (c'est la moindre des choses remarque, Wolinski
étant quand même un authentique connaisseur de la bande dessinée)
les ressorts de son oeuvre : on ne peut pas comparer les personnages de
Wolinski à ceux, par exemple, des bandes dessinées de frères
Hernandez ou au comic-strip, oeuvres qui reposent intégralement sur
les personnages. Et c'est peut-être ce qui fait aussi que Wolinski,
sauf quand il n'est que scénariste (Paulette, avec Pichard) n'est pas
vraiment un auteur de bande dessinée, car le personnage est une
question capitale pour le genre, il suffit de voir à quel point le
public est attaché aux personnages.
Pascal Quesseveur
2006-12-16 11:38:55 UTC
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J> les personnages. Et c'est peut-être ce qui fait aussi que Wolinski,
J> sauf quand il n'est que scénariste (Paulette, avec Pichard) n'est pas
J> vraiment un auteur de bande dessinée, car le personnage est une
J> question capitale pour le genre, il suffit de voir à quel point le
J> public est attaché aux personnages.

Donc la bande dessinée serait un genre avec systématiquement une
histoire et de préférence des personnages récurrents et attachants... On
peut ne pas apprécier Wolinski, mais il me semble que justement son
attitude par rapport aux personnages, et plus généralement aux histoires
traditionnellement traitées par la bande dessinée, est assez
intéressante.

Je pense que la bande dessinée a beaucoup trop été réduite à des
histoires et à des personnages et que ce n'est certainement pas un
critère pour distinguer un auteur de bande dessinée.
--
Pascal Quesseveur, ***@free.fr
Camille
2006-12-16 17:51:17 UTC
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Post by Pascal Quesseveur
Je pense que la bande dessinée a beaucoup trop été réduite à des
histoires et à des personnages et que ce n'est certainement pas un
critère pour distinguer un auteur de bande dessinée.
Et pourtant... comme dit J-No, "le personnage est une question capitale pour
le genre, il suffit de voir à quel point le public est attaché aux
personnages."

Quand Goscinny est mort, on a dit que "Astérix était orphelin" (larme à
l'oeil du Gaulois en couv').
Pour Hergé, "le papa de Tintin est mort" (mais c'est plutôt Haddock qui
chiale).
Etc...

D'ailleurs, lis par exemple les entretiens de "Bo-Doï" avec les jeunzauteurs
de BD : ils ont tous une "stratégie" de séries et de personnages, négociée
avec leur éditeur (quand elle n'est pas imposée par eux). On "lance" un
personnage, et puis on cherche à rentabiliser l'investissement, avec
angoisse.
Si les albums n'atteignent pas 10.000 ex vendus, c'est que le public ne mord
pas : l'éditeur "tue" le personnage, et on en essaye un autre...
Il y a une liste à faire des personnages qui "n'ont pas marché" (un
cimetière).

Le "business model" de Wolinski est très rare.
____
Camille
"Wow ! Ravissants pignoufs !" -- le Flagada
Pascal Quesseveur
2006-12-16 21:50:51 UTC
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C> D'ailleurs, lis par exemple les entretiens de "Bo-Doï" avec les
C> jeunzauteurs de BD : ils ont tous une "stratégie" de séries et de
C> personnages, négociée avec leur éditeur (quand elle n'est pas
C> imposée par eux). On "lance" un personnage, et puis on cherche à
C> rentabiliser l'investissement, avec angoisse. Si les albums
C> n'atteignent pas 10.000 ex vendus, c'est que le public ne mord pas
C> : l'éditeur "tue" le personnage, et on en essaye un autre...

Il me semble que c'est justement là un mal dont souffre la bande
dessinée: les personnages récurrents qui plaisent au public.

C> Le "business model" de Wolinski est très rare.

Je n'apprécie pas plus que ça Wolinski mais Charlie Mensuel c'était
quand même lui: les Peanuts, Andy Capp, Buzelli ... Comme dit Jean-Noël
on ne peut pas lui reprocher de ne pas connaître la bande dessinée. Et
puis je me souviens avoir vu une émission à la télé où il était suivi
par une caméra pendant une journée et je l'avais trouvé attachant.
--
Pascal Quesseveur, ***@free.fr
Jean-no
2006-12-18 11:51:19 UTC
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Post by Pascal Quesseveur
Il me semble que c'est justement là un mal dont souffre la bande
dessinée: les personnages récurrents qui plaisent au public.
je dirais que ça a des effets secondaires parfois pénibles. Mais la
bande dessinée est née avec le personnage (M. Jabot, M. Cryptogramme,
Max und Moritz, etc.), et le dessin de presse aussi (John Bull, ou des
archétypes pas forcément nommés mais récurrents de matrones
révolutionnaires ou réactionnaires dans les dessins de presse de la
révolution). La série me semble moins indispensable à la bd que le
personnage, et c'est la série qui s'auto-caricature (puisque chaque
album essaie de récupérer le succès du précédent, on en vient vite
à des formules, des tics), enfin des tas de séries sont très bien,
mais quand ça devient de la politique éditoriale, il y a des cas
navrants, notamment (on y revient) ceux pour lesquels les personnages
manquent de force, restent des pantins un peu tristes : un bon
personnage de série ne fait pas ce que le scénariste lui dit de
faire, il a sa vie propre (comme en témoignent de nombreux
scénaristes).
Camille
2006-12-18 20:55:55 UTC
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Post by Jean-no
La série me semble moins indispensable à la bd que le
personnage,
Un exemple fascinant : celui de Gaston.

Il a été créé comme "héros sans emploi" (c'est déjà un oxymoron !) : un
glandeur professionnel qui traîne dans les marges du journal de Spirou (en
1957, je crois), sans but particulier, et reste à fumer sa clope sur une
chaise, sans rien foutre, au grand désespoir du dynamique Fantasio.

Il me semble que Franquin n'envisageait même pas de faire une vraie BD avec
Gaston, et encore moins des albums. Ce sont les lecteurs qui ont plébiscité
le personnage et l'ont réellement FAIT VIVRE sous le crayon de Franquin.
Les séries sont venues bien après.
Peut-être qu'un des vieillards du forum pourra confirmer ?
____
Camille
« Je n'ai rien à dire, et je le dis ! »
p***@wanadoo.fr
2006-12-30 12:28:59 UTC
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Post by Camille
Il me semble que Franquin n'envisageait même pas de faire une vraie BD avec
Gaston, et encore moins des albums. Ce sont les lecteurs qui ont plébiscité
le personnage et l'ont réellement FAIT VIVRE sous le crayon de Franquin.
Les séries sont venues bien après.
Peut-être qu'un des vieillards du forum pourra confirmer ?
Un vieillard confirme: Franquin avait même confié la co-création de
la BD à Jidehem, car il avait d'autres chats à fouetter.

En revanche, relisez les albums, Gaston a été engagé par M. Dupuis
(et par lettre, SVP), précisément pour être "personnage de BD". Ce
qui heurtait Fantasio, c'est qu'il soit "sans emploi", c'est-à-dire,
sans rôle. Peut-être cela a été mal compris par le lecteur qui a
pensé qu'il s'agissait d'un job. Franquin (et Delporte) ont peut-être
surfé sur ce malentendu.

Quant aux héros de Wolinski, ils étaient récurrents, même s'il le
dénie. Mercier, commissaire de l'expo à Angoulême, pourra le
confirmer. Que la BD ait des héros ou pas, c'est un faux débat.
Camille
2006-12-31 17:18:00 UTC
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Post by p***@wanadoo.fr
Que la BD ait des héros ou pas, c'est un faux débat.
Ce n'est pas le débat du siècle, mais c'est un vrai débat quand même.

Pourquoi la BD fonctionne-t-elle par séries et par personnages?
Le "retour des personnages" a été, je crois, inventé par Balzac qui voulait
déjà "rentabiliser" sa production-fleuve (la Comédie humaine) et "fidéliser"
son lectorat.
Il avait bien 100 ans d'avance !

Le procédé a été repris par les branches "populaires" de la littérature :
les polars (commissaires, détectives et malfrats récurrents), et la BD.
Pour la BD, j'explique ça par la difficulté d'un dessinateur à bien "roder"
un personnage pour qu'il soit crédible et naturel. Un Bourgeon, par exemple,
fera des centaines d'esquisses pendant six mois, avant de "lancer" un
nouveau personnage. Total respect !
____
Camille
p***@wanadoo.fr
2007-01-01 23:40:42 UTC
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Post by Camille
Ce n'est pas le débat du siècle, mais c'est un vrai débat quand même.
Pourquoi la BD fonctionne-t-elle par séries et par personnages?
C'est un peu limité comme définition de la BD. Elle est en rupture
avec le feuilleton dès l'origine.
Post by Camille
Le "retour des personnages" a été, je crois, inventé par Balzac qui voulait
déjà "rentabiliser" sa production-fleuve (la Comédie humaine) et "fidéliser"
son lectorat.> Il avait bien 100 ans d'avance !
Balzac n'est pas l'inventeur du feuilleton populaire. Eugène Sue ou
Alexandre Dumas et Walter Scott et Charles Dickens avant eux font
partie de cette famille. Mais ce genre de littérature avec des héros
récurrents ne naît vraiment qu'après 1850. En fait, l'industrie du
livre telle qu'on la conçoit aujourd'hui est assez récente : la
mécanisation de la papeterie, de la reliure et de l'imprimerie date de
cette époque. De même, la diffusion du livre n'aura son impulsion
définitive qu'avec l'avènement du chemin de fer. Ces éléments
conjugués vont en réduire le coût et offrir à un public populaire
qui profite pleinement, en France, de l'instruction publique et
obligatoire à partir des années 1880. La bande dessinée profite de
ce contexte et en est même un peu la matrice.

Le feuilleton est avant tout une technique commerciale qui permet de
fidéliser le public et le point de vente. Ne confondez pas la
technique commerciale qui s'impose aux auteurs avec leurs propres
impulsions créatrices. Balzac et Zola ont fait le choix du feuilleton
avec des personnages récurrents. Ils sont relativement peu présents
chez Alexandre Dumas, Jules Verne ou Victor Hugo. Ce sont des choix
d'auteur en fonction des contraintes commerciales, comme souvent.
Post by Camille
Pour la BD, j'explique ça par la difficulté d'un dessinateur à bien "roder"
un personnage pour qu'il soit crédible et naturel. Un Bourgeon, par exemple,
fera des centaines d'esquisses pendant six mois, avant de "lancer" un
nouveau personnage. Total respect !
Idem que supra, ce sont les opportunités de carrière et des choix
d'auteur qui dictent ces choix. Même un auteur comme Van Hamme a
expérimenté une "Histoire sans héros" (avec Dany, au Lombard, dès
1977) et une oeuvre de création chez un éditeur "littéraire"
("Epoxy", chez Losfeld, en 1968) bien avant que ses machines
commerciales se soient mises en route.

Cela relativise donc le débat, s'il en faut un, car rien n'oppose BD
commerciale et BD d'auteur. La meilleure preuve est que Persépolis de
Marjane Satrapi chez l'Association est un succès commercial.
Jean-no
2007-01-02 11:48:36 UTC
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Post by p***@wanadoo.fr
Balzac n'est pas l'inventeur du feuilleton populaire. Eugène Sue ou
Alexandre Dumas et Walter Scott et Charles Dickens avant eux font
partie de cette famille.
C'est bien vrai, mais la différence est que Balzac a réutilisé ses
personnages d'un roman sur l'autre. Et je crois bien qu'il est dans les
premiers à l'avoir fait, ou s'il ne l'est pas, cette référence n'est
pas absurde. Son contemporain Dumas a lui aussi réutilisé des
personnages, mais rien à voir avec Rastignac.
Post by p***@wanadoo.fr
Cela relativise donc le débat, s'il en faut un, car rien n'oppose BD
commerciale et BD d'auteur. La meilleure preuve est que Persépolis de
Marjane Satrapi chez l'Association est un succès commercial.
Je ne sais pas si c'était la problématique abordée par ce fil :-)
Persépolis est d'ailleurs une série qui suit un personnage ! Dans les
oeuvres dites d'auteur (qui peuvent tout à fait être des succès
commerciaux) les lecteurs y suivent l'auteur, pas ses personnages, sauf
que l'auteur s'y traite souvent lui-même comme un personnage - voir
l'exemple caricatural de Godard ou de Mocky qui, depuis trente ans,
sont plus célèbres que leurs films : le personnage n'est même plus
dans le film.
Jym
2007-01-03 18:12:32 UTC
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Post by Camille
Pourquoi la BD fonctionne-t-elle par séries et par personnages?
les polars (commissaires, détectives et malfrats récurrents), et la BD.
Pour la BD, j'explique ça par la difficulté d'un dessinateur à bien "roder"
un personnage pour qu'il soit crédible et naturel. Un Bourgeon, par exemple,
fera des centaines d'esquisses pendant six mois, avant de "lancer" un
nouveau personnage. Total respect !
Mes 2 centimes du jour :
Quid des "one shot". Même si il y a dedans un (ou plus) personnage très
présent, le fait de ne pas avoir de suite et de ne pas retrouver le
personnage ailleurs va-t-il à l'encontre de ce fonctionnement "par séries
et par personnages" ?

Je pense, en particulier, à Davodeau qui a écrit moulte "one-shot" sans
liens entre eux et tous de fort bonne qualité.
Et même en série, "un monde si tranquille" n'a finalement rien d'une série
au sens "classique" du terme. On peut même se demander pourquoi /La gloire
d'Albert/ en fait partie et pas /Le réflexe de survie/ ou /Le constat/...
--
Hypocoristiquement,
Jym.
Jean-no
2007-01-04 10:35:10 UTC
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Post by Jym
Quid des "one shot". Même si il y a dedans un (ou plus) personnage très
présent, le fait de ne pas avoir de suite et de ne pas retrouver le
personnage ailleurs va-t-il à l'encontre de ce fonctionnement "par séries
et par personnages" ?
Les One-Shot ne fonctionnent pas par séries, c'est dans le nom oui.
Mais comme tu le dis toi-même, il y a souvent des personnages très
présents. Et puis le fait qu'il existe moult exceptions n'empêche que
l'importance historique du personnage récurent dans la bande dessinée
en fait une marque de fabrique importante. Et les premières bandes
dessinées publiées à échelle industrielle (McCay, Herriman, etc.)
reposent sur les personnages récurents.
TC
2007-01-05 17:44:45 UTC
Permalink
Post by Jean-no
Post by Pascal Quesseveur
Il me semble que c'est justement là un mal dont souffre la bande
dessinée: les personnages récurrents qui plaisent au public.
je dirais que ça a des effets secondaires parfois pénibles. Mais la
bande dessinée est née avec le personnage (M. Jabot, M. Cryptogramme,
Max und Moritz, etc.), et le dessin de presse aussi (John Bull, ou des
Oui mais c'est une considération historiciste. Comme de dire avec
Kundera, et c'est vrai, que le roman moderne est né avec le Don
Quichotte de Cervantès et les personnages hauts en couleurs de
Rabelais.

Pour autant et heureusement le roman ne s'est pas figé sur cette
définition (qui n'est qu'une définition historiciste je le répète, avec
le recul des siècles), du chemin a été parcouru depuis, et rien ne
permet d'affirmer que la BD — si elle veut *vraiment* s'affirmer comme
un autre procédé d'exploration de l'aventure humaine — doit se
cantonner à une vision centrée sur le dogme du personnage.

Au XXIe siècle, elle doit même probablement se dépêcher de rattraper le
retard conceptuel qu'elle semble encore accuser (là, je suis l'avocat
du diable).

L'exemple sus-cité de Gaston, « héros sans emploi », est un indice déjà
vieux (pas loin de cinquante ans, non ?) d'une tentative de révolution
narrative, et pourtant dans un journal commercial.

Les carcans et ce que l'on en fait...
--
http://60millions.viabloga.com
post-punk littérature & mauvaise foi
Jean-no
2007-01-05 18:39:38 UTC
Permalink
Post by TC
L'exemple sus-cité de Gaston, « héros sans emploi », est un indice déjà
vieux (pas loin de cinquante ans, non ?) d'une tentative de révolution
narrative, et pourtant dans un journal commercial.
Les carcans et ce que l'on en fait...
En même temps, Gaston le héros sans emploi est l'archétype même du
personnage de bande dessinée (il n'a même pas besoin de justifier
d'une raison sociale, ce dont s'embarrassaient ses collègues). Donc je
ne sais pas si il démontre grand chose :-)
La base de la bande dessinée, c'est qu'il y a un rapport entre une
case et une autre, ce ne sont pas juste des vignettes accolées. Tout
le monde lit la bande dessinée comme ça, et quand il n'y a pas de
lien visuel ou thématique, c'est pour que l'on crée un lien d'un
autre type. Le personnage est une bonne unité permettant de passer
d'une case à l'autre, mais ça n'est pas la seule, c'est juste,
historiquement, la plus évidente.
Stéphane Oiry
2007-01-08 08:32:10 UTC
Permalink
Post by TC
Pour autant et heureusement le roman ne s'est pas figé sur cette
définition (qui n'est qu'une définition historiciste je le répète, avec
le recul des siècles), du chemin a été parcouru depuis, et rien ne
permet d'affirmer que la BD ‹ si elle veut *vraiment* s'affirmer comme
un autre procédé d'exploration de l'aventure humaine ‹ doit se
cantonner à une vision centrée sur le dogme du personnage.
(auto promo)

Jean-Luc Cornette, pour "Les passe-murailles" a subtilement contourné la
question en proposant une série sans personnage récurrent mais avec qualité
(pouvoir ou trait de caractère ?) récurrent : le dont de passe-muraille.
Il est trop malin.
;-)

Steph.
Stéphane Oiry
2007-01-08 08:42:20 UTC
Permalink
Post by Stéphane Oiry
le dont de passe-muraille.
Le don.
Hum.
TC
2007-01-08 17:52:14 UTC
Permalink
Post by Stéphane Oiry
Post by TC
Pour autant et heureusement le roman ne s'est pas figé sur cette
définition (qui n'est qu'une définition historiciste je le répète, avec
le recul des siècles), du chemin a été parcouru depuis, et rien ne
permet d'affirmer que la BD ‹ si elle veut *vraiment* s'affirmer comme
un autre procédé d'exploration de l'aventure humaine ‹ doit se
cantonner à une vision centrée sur le dogme du personnage.
(auto promo)
Jean-Luc Cornette, pour "Les passe-murailles" a subtilement contourné la
question en proposant une série sans personnage récurrent mais avec qualité
(pouvoir ou trait de caractère ?) récurrent : le dont de passe-muraille.
Il est trop malin.
;-)
Steph.
Je le note et m'en félicite. (Cela dit je ne sais pas si je ne préfère
pas une bonne BD bien narrative avec personnages, dans la pratique !)
--
http://60millions.viabloga.com
post-punk littérature & mauvaise foi
p***@wanadoo.fr
2007-01-08 21:07:33 UTC
Permalink
Post by Stéphane Oiry
Jean-Luc Cornette, pour "Les passe-murailles" a subtilement contourné la
question en proposant une série sans personnage récurrent mais avec qualité
(pouvoir ou trait de caractère ?) récurrent : le don de passe-muraille.
Il est trop malin.
;-)
La bande dessinée a très vite joué avec ses propres codes, on ne va
pas en faire un inventaire, d'autres historiens l'ont déjà très bien
fait pour nous.

Elle s'est aussi très tôt affranchie de ses personnages récurrents
mais, commercialement, le personnage récurrent a l'avantage de
capitaliser la promotion que l'on peut faire sur une série. Au fond,
il arrive avec la prise de conscience de la valeur d'une marque. Pas
étonnant qu'il soit contemporain des premières formes de la réclame.
Il ya très tôt une convergence entre la bande dessinée et les
marques. Je pense au Bibendum créé par O'Galop pour Michelin.

On peut s'en affranchir, mais le danger est que la reconnaissance de la
série s'en trouve amoindrie. C'est ce calcul un peu basique qui
induit le comportement des éditeurs, et des auteurs, car ils sont en
général ravis que le métier leur apporte (enfin) un peu d'argent.

Aujourd'hui, nous sommes dans une situation un peu paradoxale: les
personnages sont tellement nombreux qu'ils ne sont pas finalement
l'instrument le plus sûr d'un succès, c'est-à-dire que le
facteur-clé de leur notoriété est la puissance du marketing qui
accompagne sa promotion. Ce n'est pas un hasard si
Média-Participations engrange des marques célèbres comme Lucky Luke,
Spirou et Boule & Bill...

Dès lors, le noeud de l'affaire, ce n'est pas le personnage
récurrent, c'est l'inflation de l'offre et l'intensité capitalistique
nécessaire pour rentabiliser un nouveau "produit".

En même temps, le public, mieux éduqué qu'avant, grâce à
l'avénement d'une bande dessinée adulte, est capable de reconnaître
un Bilal, un Reiser, un Vuillemin ou un Trondheim,... comme il
reconnaît un Picasso ou un Van Gogh. On a fait du chemin quand même.
Stéphane Oiry
2007-01-09 08:52:11 UTC
Permalink
Post by p***@wanadoo.fr
Il ya très tôt une convergence entre la bande dessinée et les
marques. Je pense au Bibendum créé par O'Galop pour Michelin.
(J'ai appris récemment grâce à un doc tv lui étant consacré, que le choix du
prénom du petit Nicolas avait été inspiré à Sempé par les réclames pour le
vin Nicolas.
C'est rigolo, quand on pense aux illustrateurs qui ensuite travailleront
pour cette marque, tous plus ou moins héritiers de Sempé.)

Steph.

TC
2007-01-05 17:35:17 UTC
Permalink
Post by Camille
Post by Pascal Quesseveur
Je pense que la bande dessinée a beaucoup trop été réduite à des
histoires et à des personnages et que ce n'est certainement pas un
critère pour distinguer un auteur de bande dessinée.
Et pourtant... comme dit J-No, "le personnage est une question capitale pour
le genre, il suffit de voir à quel point le public est attaché aux
personnages."
On disait certainement ça du roman avant qu'il subisse certaines
révolutions « coperniciennes ».

Pourquoi la BD échapperait-elle à ce genre de révolution ? C'est tout
le mal qu'on peut au contraire lui souhaiter.

Ne se définit-elle pas fondamentalement par sa *forme* : son caractère
séquentiel, graphique et textuel ? Le reste n'étant que... le fond ?
(Et si on admet que ce fond est l'immense variété de sujets que la
littérature et le cinéma peuvent déjà traiter, plus peut-être d'autres
sujets que *seule la BD* pourrait traiter — je suis perplexe, mais j'en
émets quand même l'hypothèse —, alors pourquoi ne pas imaginer la mort
du personnage tel qu'on le connaît ? Et l'évolution de la narration ?
--
http://60millions.viabloga.com
post-punk littérature & mauvaise foi
R.V. Gronoff
2006-12-18 05:38:14 UTC
Permalink
Post by Camille
Entendu sur France-Inter une interviouve de Wolinski, qui développait une
thèse étonnante : "Je ne crée pas de personnages, ça ne m'intéresse pas."
La journaliste essayait bien de lui faire dire que le "Roi des cons" était
bien un personnage créé par lui, Papy Wolinski n'était pas d'accord.
Et de fait, le "Roi", le "Gros monsieur bavard" et le "Petit monsieur
timide" du bar ne sont que des fantoches sans épaisseur. Ils servent juste
de support aux délires bien personnels de l'auteur.
Seuls Georges (lui-même) et Maryse (sa femme), ainsi que les personnages
réels (Chirac, Gichcard, etc...) ont quelque consistance.
Curieux, non ?
Et pourtant, même s'il ne fait pas vraiment de la BD, Wolinski est un
dessinateur "qui compte", et son oeuvre volumineuse se lit bien.
C'est peut-être un cas unique à ce niveau.
Même Reiser, qui lui aussi pensait que la création de personnages n'était
pas son truc, a fini par en créer (le Gros Dègue, Janine, Mon Papa,...)
Oui, Wolinski est un escroc.
La seule vraie BD sans personnages que je connaisse, c'est Birth Caul
d'Alan Moore.
Pili Munoz
2006-12-19 21:08:34 UTC
Permalink
Post by R.V. Gronoff
La seule vraie BD sans personnages que je connaisse, c'est Birth Caul
d'Alan Moore.
Il faut surtout citer La Cage de Martin Vaughn-James, parue dans les années
70, et rééditée il y a quelques mois aux Impressions nouvelles.

Jean-Pierre Mercier, Angoulême
Salagir
2006-12-20 15:02:44 UTC
Permalink
Post by Camille
Entendu sur France-Inter une interviouve de Wolinski, qui développait une
thèse étonnante : "Je ne crée pas de personnages, ça ne m'intéresse pas."
Curieux, non ?
Non, Wolinski ne fais pas de bande dessinée, à ma connaissance.

Dans une bande, il y a plusieurs dessins, ce qui n'est pas sont cas,
mais pas le cas non plus de "The Far Side Gallery" et tous les strips
qui y ressemblent.
Même si l'on y retrouve des archétypes, il n'y a pas de personnages dans
ces séries.

Dans d'autres posts on cite "le personnage et l'histoire", mais
justement encore dans les dessins d'une case dans les journaux, dans les
Far Side, il n'y a pas d'histoire.

Doc pas de personnage récurent (ni lieu ni trame scénaristique) pour la porter,
juste l'instant du dessin. Souvent, un gag.
--
My Webcomic: www.geeksworld.org -+- All my websites: manaworld.free.fr
"Les bébés sont cons, je me demande à partir de quel âge ils se rendent compte
que y'a rien à bouffer dans une tétine en fait." -+- Pierre F. et son gosse -+-
Jym
2006-12-20 20:15:57 UTC
Permalink
On Wed, 20 Dec 2006 16:02:44 +0100, Salagir
Post by Salagir
Post by Camille
Entendu sur France-Inter une interviouve de Wolinski, qui développait une
thèse étonnante : "Je ne crée pas de personnages, ça ne m'intéresse pas."
Curieux, non ?
Non, Wolinski ne fais pas de bande dessinée, à ma connaissance.
Dans une bande, il y a plusieurs dessins, ce qui n'est pas son cas,
Hum. Wolinski a des "histoires" en plusieurs dessins. Cf certaines pages
ou doubles pages dans Pilote.
Celles-ci sont, pour moi, indubitablement des bandes dessinées, même si
les dessins sont justes juxtaposés (en ordre tout de même) sans
structuration en cases de la page.
Post by Salagir
mais pas le cas non plus de "The Far Side Gallery" et tous les strips
qui y ressemblent.
Là, par contre, je suis d'accord "the Far side", "Wildside", les
"cartoons" de journeaux à la Pétillon, Cabu ou Kalo (oui, je viens de lire
/It's a good life if you don't weaken/) ou la série "Création du
Monde"/"Roman d'Adam et Êve" de Effel ne sont pas des bandes dessinées.
Post by Salagir
Même si l'on y retrouve des archétypes, il n'y a pas de personnages dans
ces séries.
Et pourtant on peut y retrouver des personnages... Du grand Duduche de
Cabu à Dieu/Diable/Adam/Êve chez Effel. Effel construit même une histoire
à partir de ces dessins, sans pour autant faire de la bande dessinée.
Post by Salagir
Dans d'autres posts on cite "le personnage et l'histoire", mais
justement encore dans les dessins d'une case dans les journaux, dans les
Far Side, il n'y a pas d'histoire.
Effel construit une histoire à partir de ces dessins, sans pour autant
faire de la bande dessinée.
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Hypocoristiquement,
Jym.
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